Pluie, boue et pleurs
La nature humaine est parfois, et souvent même, étonnante et les exemples de la surestimation de soi, de la glace déformante de l’imaginaire est fréquente. Comment oublier le destin de ce pourvoyeur de la Wallonie s’imaginant être Néron, ou encore de celui qui écrit ceci se prenant pour Jean d’Ormesson ?
Il en est de même avec ce petit cours d’eau, qui se languit entre murs de terre encaissés et ponts étriqués comme le sont les jeans de certaines. Bref la Petite Gette, car c’est d’elle qu’il s’agit a décidé voici 2 mois de devenir fleuve, d’être enfin l’égale de la Meuse, de faire pâlir d’envie ce « ru » que l’on nomme Amazone.
Joyeusement elle se mit à déborder, à noyer ses berges, à envahir les terres, routes, et maisons……….Avec une joie extrême elle charrie arbres, buissons et déchets divers qui finissent par colmater les ponts.
Et elle monte, monte avalant tout, inondant tout en emportant au loin les pleurs de désarroi des riverains impuissants devant ce besoin de supériorité fluviale.
Mais le lendemain, la réalité se fait dure et comme la télé du même nom, cette vérité vraie provoque une remise à niveau destructrice. La glace ne se déforme plus. N’est pas artiste qui veut. N’est pas fleuve qui le pense. Et la petite Gette de retourner se blottir entre ses rives. Hélas dans son envie de grandeur, elle laisse bien des dégâts et des tourments. Hier mercredi, nous avons fait la tournée des maisons touchées……….
Partout des containers devant les portes avec frigo, meubles et tableaux. Partout des entreprises tentent de réparer chauffage et électricité.
Partout la tristesse se lit sur les visages des sinistrés peu ou mal assurés. Partout on tente d’enlever les stigmates de ce débordement d’ambition, de reboucher les trous, de couper les arbres.
Certaines maisons sont vides de tout, car avec1 mètre d’eau peu d’espoir de sauver quelques affaires. Alors, notre association est arrivée avec un rien de réconfort et de la peinture qui permettra dès séchage de redonner un semblant de frais. Le stress venait à peine de retomber suite aux annonces d’un nouvel orage. Un homme a simplement pleuré en recevant ces peintures, une dame âgée nous a demandé combien elle devait, elle qui voyait sa vie entassée dans le container devant sa maison……
C’est à côté de chez nous. Des détresses proches et pourtant si lointaines de nos préoccupations quotidiennes.
Au nom de Pêcheur de Lune, je voudrais remercier toutes ces sociétés qui nous aident à atténuer ces désarrois.